Carnoules, village ferroviaire (entre Marseille et Nice)
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Carnoules, village ferroviaire (entre Marseille et Nice)
Carnoules, village ferroviaire
L’épopée du train à vapeur
Le chemin de fer, depuis Marseille, a atteint Carnoules - en voie unique d’abord - sous le second Empire, en 1862, pour se prolonger, en 1864, jusqu’à Nice. En 1874 la nécessité d’établir un relais permanent pour les locomotives aboutit à l’installation d’un dépôt à mi-distance Marseille-Nice.
En 1880 est inaugurée la ligne Carnoules - Gardanne par Brignoles et Saint-Maximin, rendant le relais de Carnoules encore plus important. Jusqu’au temps de la première guerre mondiale, tous les trains changent de locomotive à Carnoules. C’est dire l’activité du dépôt, ses ateliers, ses quais à combustible, à cette époque où pratiquement tout le trafic, "marchandises" et "voyageurs" est assuré par le rail. À midi et le soir, les trains de voyageurs marquent un long arrêt pour que les passagers puissent se restaurer au buffet de la gare qui ne chôme guère (ce restaurant deviendra par la suite cantine pour les cheminots).
De la Guerre de 14-18 à la nationalisation en 1937
Le trafic s’accroit durant la guerre de 1914-1918, le dépôt connaît une nouvelle extension du parc. Après la guerre, il occupe plus de 250 cheminots (et plus de 150 à son annexe des Arcs). Éclatent alors les grandes grèves de 1920. Déclenché en février dans la région parisienne, le mouvement gagne, en trois jours, le reste du pays, dont la région Méditerranée. Le motif profond en est une revendication salariale face à l’inflation qui accompagne la reprise économique. Mais aussi la défense des droits syndicaux mis à mal durant la guerre où les cheminots, mobilisés sur place ou affectés aux chemins de fer de campagne à proximité du front, sont soumis à la stricte autorité militaire.
La nationalisation des chemins de fer est réclamée, elle ne se fera qu’une quinzaine d’années plus tard. Cette longue grève qui s’étire, avec des reprises, jusqu’au 28 mai rencontre, auprès de la population, un soutien et des gestes de solidarité qui marquent la mémoire de la localité.
Dans l’entre-deux guerres, le rail supportent encore vaillamment la concurrence croissante de la route. Vers 1930, on compte encore 78 locomotives affectées au dépôt de Carnoules, de plus en plus voué à la traction des marchandises, à l’exception de quelques omnibus et à la desserte complète de la ligne de Gardanne. Cette dernière ligne est fermée au transports des voyageurs en 1938.
Sous le gouvernement du Front Populaire est décrété, en 1937, la nationalisation de toutes les compagnies privées.
La période douloureuse de la seconde guerre mondiale
Le déclenchement de la guerre de 1939-1945 ne provoque pas une baisse d’activité du dépôt, ni de la gare de Carnoules, tout au contraire ; bientôt, après la défaite et l’invasion de mai-juin 1940, la pénurie de carburant oblige à reporter sur le rail tout acheminement des gens et des denrées. Pour y faire face, le parc de traction est même renforcé par de nouvelles locomotives et par des agents déplacés depuis d’autres dépôts. Après l’occupation de la zone sud, en novembre 1942 (date du sabordage de la flotte à Toulon), gare et dépôt endurent la tutelle directe de l’occupant : militaires et cheminots allemands en contrôlent toute l’activité, se heurtant à la résistance passive et active des cheminots qui subissent eux, sur la ligne ou dans les gares et dépôts, mitraillages et bombardements des alliés. C’est dans ce contexte que survient 3 mois avant le débarquement des alliés en Provence, le bombardement aérien du 25 mai 1944 par l’aviation américaine. Le site est gravement atteint mais également le groupe scolaire et bien des habitations alentour, ce pilonnage débordant très largement l’objectif visé. Au total, une trentaine de tués, une centaine de blessés, cheminots pour la plupart.
Le débarquement et les combats de la libération interrompent tout trafic pendant plusieurs mois ; la ligne est coupée par la destruction des viaducs de Bandol, à l’ouest, et d’Anthéor, à l’est. La circulation est rétablie à la fin de l’année 1944. Fin 1945, débarquent des États-Unis, les locomotives commandées par la France pour assurer la relève. Fin 1946, ces "141.R" peuvent assurer le service entre Marseille et Nice et, peu à peu remplacent les autres types de machines sur toutes les lignes y compris celle de Carnoules à Gardanne. En 1947, malgré la reprise de l’économie, l’inflation croissante et la baisse du pouvoir d’achat provoquent de grandes grèves qui paralysent totalement pendant trois semaines le dépôt et la gare. Beaucoup de sacrifices, peu de résultat, beaucoup d’amertume et de sévères sanctions pour quelques grévistes.
L’électrification annonce le déclin du dépôt
L’électrification de la ligne qui gagne peu à peu depuis Marseille atteint Carnoules au milieu des années 1960. En décembre 1965, elle est installée jusqu’au Arcs et elle est achevée en 1969 jusqu’à Nice et Vintimille : elle rend de fait inutile le dépôt de Carnoules.
Pour sauver de l’oubli un siècle d’intense activité ferroviaire, la commune a acquis la locomotive, une "4.B" qui avait roulée un temps à Carnoules et l’a installée, en juillet 1979, à l’entrée de notre village, repaire connu dans tout le département comme le monument symbolique de ce passé.
Actuellement, l’Association du Train Touristique du Centre-Var (ATTCV), fait revivre la section de ligne reliant Carnoules à Brignoles via Sainte Anastasie à bord de trains autorails construits par la SNCF en 1955. N’hésitez pas à leur rendre visite.
Liens :
http://www.museepierresemard.fr/
L’épopée du train à vapeur
Le chemin de fer, depuis Marseille, a atteint Carnoules - en voie unique d’abord - sous le second Empire, en 1862, pour se prolonger, en 1864, jusqu’à Nice. En 1874 la nécessité d’établir un relais permanent pour les locomotives aboutit à l’installation d’un dépôt à mi-distance Marseille-Nice.
En 1880 est inaugurée la ligne Carnoules - Gardanne par Brignoles et Saint-Maximin, rendant le relais de Carnoules encore plus important. Jusqu’au temps de la première guerre mondiale, tous les trains changent de locomotive à Carnoules. C’est dire l’activité du dépôt, ses ateliers, ses quais à combustible, à cette époque où pratiquement tout le trafic, "marchandises" et "voyageurs" est assuré par le rail. À midi et le soir, les trains de voyageurs marquent un long arrêt pour que les passagers puissent se restaurer au buffet de la gare qui ne chôme guère (ce restaurant deviendra par la suite cantine pour les cheminots).
De la Guerre de 14-18 à la nationalisation en 1937
Le trafic s’accroit durant la guerre de 1914-1918, le dépôt connaît une nouvelle extension du parc. Après la guerre, il occupe plus de 250 cheminots (et plus de 150 à son annexe des Arcs). Éclatent alors les grandes grèves de 1920. Déclenché en février dans la région parisienne, le mouvement gagne, en trois jours, le reste du pays, dont la région Méditerranée. Le motif profond en est une revendication salariale face à l’inflation qui accompagne la reprise économique. Mais aussi la défense des droits syndicaux mis à mal durant la guerre où les cheminots, mobilisés sur place ou affectés aux chemins de fer de campagne à proximité du front, sont soumis à la stricte autorité militaire.
La nationalisation des chemins de fer est réclamée, elle ne se fera qu’une quinzaine d’années plus tard. Cette longue grève qui s’étire, avec des reprises, jusqu’au 28 mai rencontre, auprès de la population, un soutien et des gestes de solidarité qui marquent la mémoire de la localité.
Dans l’entre-deux guerres, le rail supportent encore vaillamment la concurrence croissante de la route. Vers 1930, on compte encore 78 locomotives affectées au dépôt de Carnoules, de plus en plus voué à la traction des marchandises, à l’exception de quelques omnibus et à la desserte complète de la ligne de Gardanne. Cette dernière ligne est fermée au transports des voyageurs en 1938.
Sous le gouvernement du Front Populaire est décrété, en 1937, la nationalisation de toutes les compagnies privées.
La période douloureuse de la seconde guerre mondiale
Le déclenchement de la guerre de 1939-1945 ne provoque pas une baisse d’activité du dépôt, ni de la gare de Carnoules, tout au contraire ; bientôt, après la défaite et l’invasion de mai-juin 1940, la pénurie de carburant oblige à reporter sur le rail tout acheminement des gens et des denrées. Pour y faire face, le parc de traction est même renforcé par de nouvelles locomotives et par des agents déplacés depuis d’autres dépôts. Après l’occupation de la zone sud, en novembre 1942 (date du sabordage de la flotte à Toulon), gare et dépôt endurent la tutelle directe de l’occupant : militaires et cheminots allemands en contrôlent toute l’activité, se heurtant à la résistance passive et active des cheminots qui subissent eux, sur la ligne ou dans les gares et dépôts, mitraillages et bombardements des alliés. C’est dans ce contexte que survient 3 mois avant le débarquement des alliés en Provence, le bombardement aérien du 25 mai 1944 par l’aviation américaine. Le site est gravement atteint mais également le groupe scolaire et bien des habitations alentour, ce pilonnage débordant très largement l’objectif visé. Au total, une trentaine de tués, une centaine de blessés, cheminots pour la plupart.
Le débarquement et les combats de la libération interrompent tout trafic pendant plusieurs mois ; la ligne est coupée par la destruction des viaducs de Bandol, à l’ouest, et d’Anthéor, à l’est. La circulation est rétablie à la fin de l’année 1944. Fin 1945, débarquent des États-Unis, les locomotives commandées par la France pour assurer la relève. Fin 1946, ces "141.R" peuvent assurer le service entre Marseille et Nice et, peu à peu remplacent les autres types de machines sur toutes les lignes y compris celle de Carnoules à Gardanne. En 1947, malgré la reprise de l’économie, l’inflation croissante et la baisse du pouvoir d’achat provoquent de grandes grèves qui paralysent totalement pendant trois semaines le dépôt et la gare. Beaucoup de sacrifices, peu de résultat, beaucoup d’amertume et de sévères sanctions pour quelques grévistes.
L’électrification annonce le déclin du dépôt
L’électrification de la ligne qui gagne peu à peu depuis Marseille atteint Carnoules au milieu des années 1960. En décembre 1965, elle est installée jusqu’au Arcs et elle est achevée en 1969 jusqu’à Nice et Vintimille : elle rend de fait inutile le dépôt de Carnoules.
Pour sauver de l’oubli un siècle d’intense activité ferroviaire, la commune a acquis la locomotive, une "4.B" qui avait roulée un temps à Carnoules et l’a installée, en juillet 1979, à l’entrée de notre village, repaire connu dans tout le département comme le monument symbolique de ce passé.
Actuellement, l’Association du Train Touristique du Centre-Var (ATTCV), fait revivre la section de ligne reliant Carnoules à Brignoles via Sainte Anastasie à bord de trains autorails construits par la SNCF en 1955. N’hésitez pas à leur rendre visite.
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